La fille d’équipe
Caroline Roy utilisait un vélo hybride plutôt lourd pour se déplacer en ville. Puis, il y a environ cinq ans, en marge d’un conflit de travail, un collègue a organisé une grande randonnée cycliste entre Montréal et Québec.
« On m’avait prêté un vélo de route. J’ai eu la piqûre. C’est alors que j’ai acheté un vélo. »
C’est notamment la vitesse qui l’a séduite.
« Tu peux faire du 25 km/h assez facilement en montant. En hybride, il faut que tu pédales fort en maudit, ça n’a rien à voir. J’aurais dû acheter un vélo de route bien avant. »
Une fois équipée d’une nouvelle monture, elle a ressenti le besoin de « passer à une autre étape » : s’entraîner à vélo, faire des sorties plus longues, faire plus de kilométrage, aller chercher de la technique pour rouler en peloton et, bien sûr, aller chercher de la vitesse. Elle s’est donc jointe au club de vélo Les Cyclopétards.
« C’est le fun de faire partie d’un club. Ce n’est pas de la grosse compétition malsaine, mais il y a un challenge qui s’installe entre les filles du club. Tu t’entraînes, tu te dépasses. Tu as la volonté de t’améliorer, de battre tes temps précédents, de monter la voie Camillien-Houde de plus en plus rapidement. »
Contrairement à certains clubs de vélo, Les Cyclopétards accueille des débutantes.
« Ça me rend heureuse à chaque début de saison de voir des filles arriver. Au début, certaines ne sont même pas sûres comment clipper et dé-clipper [les chaussures sur les pédales]. À la fin de la saison, elles suivent, et on ne se rappelle même pas qu’elles étaient débutantes. »
— Caroline Roy
Le fait que le club soit féminin a ses avantages. « Si tu commences avec un club mixte, ça peut être difficile de s’accrocher dans le peloton. Ça peut même être décourageant. »
Caroline Roy pratique d’autres sports, comme le ski et le tennis, mais le vélo a des avantages certains.
« Pour jouer au tennis, il faut absolument un partenaire. Pour le vélo, tu peux sortir seule le soir ou la fin de semaine, même si je préfère sortir en groupe. »
Puis, il y a la satisfaction liée à ce sport de vitesse et d’endurance.
« Le vélo, c’est un sport qui peut être souffrant. Parfois, il pleut à n’en plus finir, il fait froid, tu montes des côtes, tu es écœurée, mais tu pousses quand même. Il y a une satisfaction liée à ça. Tu en apprends beaucoup sur la façon de surmonter les obstacles. »
L’inconvénient du vélo de route, c’est probablement l’aspect mécanique qui, selon elle, pourrait rebuter bien des filles.
« Il faut apprendre à réparer une crevaison, à se salir les doigts pour remettre la chaîne qui a débarqué, il faut que tu saches comment ça fonctionne. »
— Caroline Roy
Il faut également faire face aux mécaniciens de vélo qui se montrent parfois condescendants, souligne-t-elle.
Pour faire du vélo de route, il faut également aimer un peu le risque. « Ça peut aller vite, en peloton. Des fois, tu roules sur des routes de campagne où il y a des voitures. Ça pourrait décourager certaines personnes. »
Ça ne décourage pas Caroline Roy, qui participe à des cyclosportives : il ne s’agit pas de finir premier, mais de bien se classer, d’améliorer ses temps.
« C’est toujours le fun de voir comment tu te classes par rapport aux autres, notamment dans ta catégorie d’âge. »
Mme Roy n’a pas d’enfants, elle n’a donc pas de problème de conciliation vélo-famille. Elle a toutefois un léger problème de conciliation vélo-travail.
« Je suis entrepreneure, ce n’est pas un travail qui lâche beaucoup. Je ne me plains pas, nous avons une souplesse d’horaire, je suis capable de partir pour m’entraîner le soir, mais des fois, j’aimerais avoir plus de vacances estivales. Je roulerais alors plus que les 3000 km que je fais actuellement par année. »